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[Au nom du père, du pasteur et des prophéties] Vive la rentrée !
Elles pullulent nos rues, nos avenues, et occupent l’essentiel de notre vie. Les églises dites de réveil -évangéliques- font partie du quotidien des Kinois, je ne dirai pas des Congolais. Ceux qui les dirigent sont pour leurs ouailles plus que des gourous, des Dieux. Excusez-moi de mettre D en majuscule. Je crois que le «Ne touchez pas à mes oints» nous a rendus aveugles et irréfléchis. On gobe tout au nom du père, du pasteur et des prophéties. Dans cette trilogie, même la Bible, les Saintes écritures, est reléguée au second plan. Enquête inédit sur le business des églises à Kinshasa.
Je suis chrétien mais je reste rationnel et réfléchi. Pour les sacro-saints, je vous demanderai d’économiser vos malédictions, ça ne marchera pas avec moi. Je suis vacciné par un verset de la Bible, Romains 8, verset 1. Certains verront en cette enquête l’ombre de ma paganisation, fière chandelle à eux, les testeurs de la foi. Le 15 août avance à grand pas et le tension d’un cran. Ce samedi-là, les églises rouvriront après 4 mois de punition. Non, ils n’ont commis aucun péché, la Covid-19 a tout gâché. Cependant, comme au bon vieux temps bleu-blanc, la vraie rentrée aura lieu 24 heures après, le 15 est un samedi et dimanche sera béni.
Le retour des églises rimera avec le retour des tapages sonores mais aussi avec les multiples offrandes et l’oisiveté, marques de fabrique des églises « kinoisériennes ». A Kinshasa, être homme d’église est un métier noble. Les jeunes en raffolent, c’est devenu un job des rêves dans un pays où l’Etat est démissionnaire et le chômage dominateur.
Derrière cet intérêt, la réussite des «pères» des églises. Ils roulent carrosses, marchent sur l’or, respirent le dollar et ont les sœurs à leurs pieds. Un carré parfait pour les jeunes kinois réputés fêtards. Et lorsque la malheureuse Covid-19 a imposé la fermeture des lieux de culte, elle a été maudite par tous. C’est peut-être pour ça qu’elle n’a pu planter ses racines au pays de Béton, bon je me demande si ces prophètes, qui n’ont pu voir le démon venir, pouvaient le chasser. Excusez mon incrédulité. Maladie diabolique, marque de la bête, Covid-19 a été taxée de tous les noms sans que nos temples rouvrent et ça dure depuis le 18 mars, soit 4 mois, 5 jusqu’à la réouverture.
Tshisekedi anti-Christ, les pasteurs ces papes béatifiés
Oui, les églises ne rouvriront que 3 semaines après les terrasses, banques et autres. A Kinshasa, cette décision ne passe pas. Entre la population, formatée à ne prier que le «Dieu de daddy», lequel exauce mieux dans ce bâtiment appelé temple, et les «daddys» qui voient leur calvaire être prolongé, qui travaille à l’autel y mange aussi diront certains, Tshisekedi est le coupable tout trouvé. Un pasteur m’a avoué sans coup frémir que «la décision du Président était dicté par le monde occulte pour détourner le pays de Dieu». Un autre s’est étonné de voir les églises être retardées alors qu’on dit avoir «consacré» le pays à Dieu. C’est aussi cela les églises de réveil. Dieu est mis dans un bol, dans un bâtiment. Il agit selon un mode d’emploi précis. Daddy doit imposer sa main sur des fidèles qui entrent en transe, symbole de délivrance, l’exorcisme au nom de Daddy et des prophéties. Le plus étonnant est que dans la plupart des cas, ce sont les femmes qui sont les plus délivrées. Il faut tout faire pour éviter que les fidèles comprennent le français et certains versets qui leur feront sortir de cet esclavage ecclésiastique, cette prison au nom de dieu, de daddy et des devins.
Dans certaines églises, ce sont les mêmes visages qui sont délivrés à chaque fois, à se demander si ces fidèles ne sont pas des porcs, plutôt que des brebis, qui retournent à chaque fois dans la boue. Le malheurs des uns faisant le bonheur des autres, les «Daddys» vivent au dépens des fidèles, de fois très fidèles au point de perdre la cervelle. Ils sont capables de se battre pour les «pères spirituels» allant jusqu’à se mettre à dos leurs parents biologiques.
Ces «pères spirituels», de leur côté après avoir détruit le cordon de certaines familles, se plaisent à solidifier le leur. Il n’y a qu’à voir la succession dans la plupart d’églises: ils se font du père au fils, du grand au petit frère. Depuis peu, une tendance se généralise: l’onction sexuellement transmissible (j’en parlerai au 3ème chapitre de ma série). Elle se transmet sur le lit conjugal entre papa pasteur et maman pasteur qui devient ainsi la mère de l’église, souvent auréolée de la casquette prophétesse. Mais aussi entre Daddy et ses ouailles qui, pour une séance de déblocage, sont prêtes à tout, même à recevoir la semence sainte de «daddy chéri».
Vive le retour des églises, 150 jours après.
A lire prochainement
– Les pratiques occultes des temps modernes
– Onction sexuellement transmissible
– Dieu m’a dit, cette fuite des responsabilités
– HD, SD, Coordon, … ces titres tendances
– L’église m’a rendu athée
– L’Etat, les églises et la jungle
PS
- Cette série n’est pas une guerre contre les églises. Elle s’inscrit dans le souci de dire ce que certains font dans le secret
- Cette série ne concerne pas toutes les églises de Kinshasa qui, pour une bonne partie, ont de bonnes pratiques.
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