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Succession de Nangaa : quand les princes de l’Eglise se forlignent

Qui succédera à Corneille Nangaa à la tête de la CENI? L’équation est loin d’être résolue même si l’on sait que l’oiseau rare devrait bénéficier de la bénédiction des princes de l’Eglise. En RDC, 8 confessions religieuses sont officiellement reconnues par l’Etat et sont donc parties prenantes dans la désignation du patron de la Centrale électorale.

Lundi 8 et mardi 9 juin, la plateforme des confessions religieuses se réunit pour une sorte de conclave qui s’est transformé en pétaudière. Entre ceux qui prêchent l’amour et la maitrise de soi, tout le monde espère voir rapidement une fumée blanche s’échapper et l’heureux élu être désigné. Malheureusement, les hommes de Dieu oublient souvent toute péricope quand il s’agit de parler César. A huit, deux camps se forment ou plutôt trois. Chacun a son candidat: Eale Bosela pour l’ECC, Cyrille Ebokoto pour la CENCO et Ronsard Malonda pour la CIME (Commission d’intégrité et médiation électorale, regroupant les 6 autres confessions religieuses). Même un nul en mathématique sait voir que le rapport de forces est déséquilibré, bon là n’est pas la question.

Revenons à l’essentiel. En ordre dispersé face à la CIME, CENCO et ECC décident d’unir leurs forces. Seulement, la nouvelle alliance se trompe dans le choix du cheval. Ebokoto est sacrifié, le tandem soutient désormais Eale. Hic, ce dernier est membre d’un parti politique, il a même été candidat aux scrutins de 2018. Rétropédalage, Ebokoto se retrouve de nouveau dans la course, la CIME, en bloc homogène, laisse faire. A 2 contre 6, le constat est fait, les pères de l’Eglise peinent à tirer une seule carte. L’article 17 de la Charte qui régit les confessions religieuses est consulté. Celle-ci stipule : «En toute chose, les chefs de confessions religieuses recherchent de bonne foi le consensus comme mode de prise de décision par excellence. A défaut du consensus, ils font recours à un vote transparent qui est un mécanisme démocratique de décision».

Voyant le danger venir, CENCO et ECC, rogues, évitent de se plier au jeu des urnes, capotent la réunion et menacent d’utiliser la presse pour faire passer leur «poulain», le consensus c’est lui et personne d’autre. Des zoïles pleuvent sur Malonda qui a pour seul péché que d’être l’actuel secrétaire exécutif de la Centrale électorale. Une acrimonie qui confortent les 6 autres membres dans leur position, ils poursuivent la séance est dressent un procès-verbal.

Le lendemain, la menace est mise en exécution. Plusieurs médias relaient des informations faisant état de la volonté du couple FCC-CACH d’imposer Ronsard Malonda à la tête de la CENI. Travailler avec Nangaa fait de lui «persona non grata», le paradigme RD-congolais. Les meilleurs sont à l’opposition, la RDC est une kakistocratie. Mieux, l’opposition est une lessiveuse dernier cri, capable de blanchir n’importe quel mouvanciers d’hier. Les Fayulu, Muzito, … sont passés à la mangeoire de Kabila avant d’être béatifiés après la traversée, on en reparlera une autre fois.

Dans la journée, un communiqué de la «présidence de la plateforme des confessions religieuses» dénonçant des «rumeurs de corruption» dans le processus de désignation du délégué des confessions religieuses est publié. Signé par le tandem Bokundoa-Ambongo, cette philippique suspend le processus. A se demander si les autres membres de la plateforme ont été consultés depuis.

Dans ce feuilleton digne de la salle Mongita, s’exhale un parfum de régionalisme. En effet, il se dégage qu’Ebokoto est neveu d’Ambongo, son parrain. Aussi, Ambongo, Bokundoa, Eale et Ebokoto sont tous issus du même bloc et connus pour leurs accointances à un camp politique.

En définitive, devrait-on faire table-rase du passé à chaque fois? Pas sûr, d’autant plus que la CENI est un organe technique censé être exempt de toutes colorations politiques. Le pays s’apprête à vivre son quatrième cycle électoral, devrait-on continuer dans le cercle vicieux de l’éternel recommencement? Aussi, le président de la CENI dispose-t-il de deux voies lors d’une élection, présidentielle soit-elle? Autant d’interrogations qui démontrent que la démarche est simplement forlignée.

Aux princes de l’Eglise de faire amende honorable, il en va de leur honorabilité. Rien ne sert de manipuler l’opinion en brandissant les cartes FCC, CACH, LAMUKA ou encore CLC. On en a marre.

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